Aného

Par Bella

D'un bout à l'autre de la côte, des reflets d’or s'étendent et s'étirent. On aperçoit les premiers promeneurs d'Aného. Le plus souvent, ce sont des amoureux qui se donnent rendez-vous sur le pont. Sur le rivage, ce sont des familles attirées par le couchant et par l'air du large. Il y a aussi des groupes de jeunes. En bleu, vert, jaune, certains ont amené sur la plage un ballon, un cerf-volant, une guitare. Lentement les couleurs du jour s’effacent et les teintes du soir apparaissent. Dans le ciel, l’orange, le rouge et le violet se marient avant de s’éclipser dans l’horizon.

À Aného, il y a aussi une très longue ligne de cocotiers. Elle parcourt le paysage sur des kilomètres. On l’aperçoit de loin. Les cocotiers bougent avec le vent qui les emporte dans sa direction. Ils se penchent à gauche, puis à droite.



Malmenées par les airs, leurs noix de coco tombent sur le sable. Les enfants les ramassent avec précipitation. Assis à l’ombre des arbres, ils cassent la coque en tapant la noix contre un caillou, puis boivent son jus avec gourmandise avant de croquer dans le fruit.

La ligne de cocotiers suit un chemin de fer hérité de l’époque allemande. Un train à vapeur, que l'on regarde aller et venir au loin dans la lagune, fume comme dans les vieux films en noir en blanc. En circulant, il fait un bruit qui fait mal aux tympans et qui fait trembler la terre. Il tire douze wagons et transporte des marchandises colorées qui seront déchargées et vendues sur les marchés du pays.

Chaque année Aného retrouve ses enfants dispersés à l'occasion de la cérémonie du Ekpessosso. Elle consiste à faire sortir de l'eau une pierre sacrée qui est magique. Tantôt blanche, tantôt cendre, tantôt bleue, tantôt rouge, la pierre prédit les saisons et les événements à venir.

golfe de guinée