Dieu m’a créée un jour

Par Rebecca

Parce que “Dieu m’a créée un jour”, je m’appelle Diréma et j’appartiens au peuple Nawda. Au début, quand je suis venue au monde, tout au Nord du Togo, j’étais considérée comme n’importe quel enfant se doit de l’être. C’est à 7 ans, que mes ennuis ont débuté.

J’ai commencé par me lever à six heures tous les matins pour aller à l’école qui se trouvait à trois kilomètres. Je faisais le chemin toute seule et à pied. Je le faisais du lundi au vendredi quatre fois par jour parce qu’à midi je devais retourner manger à la maison. Les samedi et les dimanche, je ne pouvais pas me reposer.

Ma mère voulait que j’aille travailler aux champs avec des femmes du village. Elle me secouait sur ma natte au lever du jour en disant : “Vas te débarbouiller !” puis elle me tendait un bol de graines : “Va les semer aux champs !”.



Près des montagnes, les champs étaient encore plus loin que l’école de la maison. Là, toute la journée sous le soleil, je sarclais, je semais, et je récoltais. J’aimais la pluie parce qu’au moins, je pouvais souffler pendant qu’elle tombait.

A neuf ans avant de partir pour l’école, j’ai eu droit en plus du reste, aux corvées de vaisselle et de balayage, et à douze, au dîner à préparer. Nous étions six personnes à la maison. Si je refusais d’obéir, j’étais privée de nourriture jusqu’au soir.

A treize ans, ma mère a bien voulu que je quitte la maison pour que j’aille habiter chez mon grand frère dans une ville du centre du pays. Il élevait seul son fils de dix ans et avait besoin de mon aide. Sa femme était partie. Heureusement que j’ai pu continuer l’école, même si, car épuisée par les taches ménagères, je m’endormais quelquefois sur ma table au collège.

A vingt ans, j’ai voulu quitter mon grand frère pour rejoindre ma grande soeur et son mari dans une ferme. Chez eux, j’ai donc recommencé à



travailler aux champs. Avec ma double-vie, je me demande encore comment je suis arrivée à réussir à mon Bac.

Aujourd’hui, j’ai vingt et un ans. J’habite Lomé, dans un foyer qui accueille des jeunes du pays dont les familles sont sans moyen. J’aimerai devenir assistante sociale pour m’occuper des jeunes filles du pays. Je pourrais négocier avec leurs parents quand elles sont maltraitées ou victimes d’inégalité.

Je ne souhaite à aucun enfant en général, ni à aucune jeune fille en particulier, de connaitre la même chose que moi. Je m’appelle Diréma et je me suis longtemps demandé pourquoi “Dieu m’avait créée un jour”. Maintenant je sais.

golfe de guinée