Par Comilla
Nous avons tous une histoire, un commencement, jamais une fin. D'où l’on vient, où l’on va, n’a pas d’importance. J’écoute encore le récit de ma grand-mère. J’entends à travers elle, les coups de feu, les cris, les pleurs des enfants, des femmes et des hommes. Quelqu’un dit : « Il nous faut quitter le village ! Nous devons tous partir ! ». Partir est douloureux. Je me retourne vers notre maison effondrée. Je me sens comme arrachée, déracinée, enlevée.
Sur la route infernale de l’exil, je vois un homme pleurant la mort de sa femme et celle de l’enfant qu’elle portait, des enfants pleurant la mort de leurs mères, des mères pleurant la mort de leurs fils.
Nous trouvons refuge en Guyane. Depuis, nous sommes là, ensemble, et nous sourions. Nous taisons la blessure qui se cache à l’intérieur de nous. Nous avons quelque part fini par oublier notre histoire, par perdre notre origine, notre culture et nos rituels. Est-ce parce que certains d’entre nous s’en sentaient honteux ?
Nombreux ici sont ceux qui nient leurs racines et leurs appartenances. Entrer comme eux dans l’oubli ne m'intéresse pas. Conserver le souvenir est mon objectif. Peut-être est-ce parce que nous ne sommes que de passage, et que dans la vie, on va, on vient, on ne reste jamais quelque part.